Le relais gallo-romain de Chameleux

Antiquité

Après la conquête de la Gaule, les Romains aménagèrent le territoire conquis. Ils créèrent dans ce but un réseau routier, soit en traçant de nouvelles voies de communication, soit en améliorant celles qui existaient. Ce sont des considérations stratégiques qui guidèrent cette création, permettant ainsi des liaisons directes entre l’arrière-pays et les frontières en favorisant le déplacement rapide des troupes, l’acheminement de renforts et l’approvisionnement. La stratégie fut vite supplantée par l’importance économique, administrative et culturelle : par les routes peuvent circuler les produits agricoles et industriels, les fonctionnaires de l’État, et la poste impériale, mais aussi la civilisation romaine. Sur ces chaussées, des bâtiments s’élèvent pour les services administratifs de la maréchaussée, de la douane, de la voirie et des bureaux du fisc. Autour de ces centres se développent de petites agglomérations.

Outre ces villages, les routes sont jalonnées à distances régulières – plus ou moins 15 km – de relais, où les courriers de la poste peuvent changer de montures.

Le sud du Luxembourg belge connut à l’époque romaine un développement culturel et économique remarquable, grâce à la construction de la chaussée Reims-Trèves*, vers 44 de notre ère. Le relais gallo-romain de Chameleux fut implanté en même temps que la route, à l’endroit où elle franchit le ruisseau de Williers. Plusieurs bâtiments, répartis de part et d’autre de la chaussée, composaient le relais ; leur nombre fait penser à un centre important, ayant sa place dans l’administration de la poste impériale.

Pendant son existence exceptionnellement longue, différents établissements se sont succédé au même endroit du Ier au Ve siècle. Ces édifices, de plan rectangulaire et perpendiculaires à la route, sont larges de 8 à 10 m et long d’environ 20 m. Les maisons ne sont pas contiguës pour éviter la propagation des incendies éventuels.

A front de route, les constructions sont reliées par une galerie dont les colonnes en bois ont été placées sur des soubassements de pierres de taille récupérées ailleurs.

Un des bâtiments du relais comprend une cour rectangulaire (I), servant de parc à charroi et d’écurie. Au fond de cette cour se trouve une cave (2) accessible par un escalier en bois. Les toits étaient recouverts d’ardoises épaisses de forme hexagonale.

Les objets retrouvés lors des fouilles indiquent l’importance du site. Les nombreuses pièces de monnaie témoignent d’un commerce florissant dont les produits proviennent des différentes régions du sud, du centre, de l’est de la Gaule et de Rhénanie pour la céramique ; de Cologne pour la verrerie. Mais aussi d’une production locale Huombois ou Hambresart, près de Virton, fournissant une céramique ordinaire. Les nombreux objets en fer illustrent l’activité des habitants : pioches, haches, scies, burins, ciseaux, hipposandales ou ancêtres du fer à cheval, clefs, clochettes, ferrures, clous, boucles de ceinturon, fibules ou épingles décorées pour fermer les vêtements.

Après les difficultés politiques et les invasions franques du IIIe siècle qui frappèrent le nord de la Gaule, les habitants de Chameleux se retranchèrent dans le refuge fortifié de Williers, aménagé au début du IVe siècle sur la colline toute proche aux pentes abruptes, point stratégique de premier ordre. La crête, qui relie la colline au plateau, était barrée d’un solide mur défensif, dominant la porte flanquée d’un bastion en saillie. Les restes de cette enceinte sont encore visibles actuellement, surplombant le calvaire placé à l’entrée du village (3).

Dans le plan même de ce dernier, avec ses maisons alignées en bordure du plateau et entourant la place centrale, est conservé l’aménagement antique.

Il n’est pas impossible que ce fortin fut gardé par un détachement de Francs autorisés à s’établir à l’intérieur de l’Empire et enrôlés dans l’armée comme troupes auxiliaires.

Les textes antiques nous renseignent en effet qu’un commandant de ces troupes, le praefectus laetorum Actorum Epuso Belgicae prima, était stationné à Epuso, l’actuelle Carignan, à 15 km de Williers. Ainsi protégée, l’occupation du relais de Chameleux se prolongea jusqu’au début du Ve siècle.

* La chaussée romaine de Reims à Trèves part de Reims vers Carignan pour passer par Tremblois puis à Williers et traverse le relais de Chameleux, ensuite par Pin-Izel ; elle continue vers Sainte-Marie-sur-Semois, Etalle, Vance et gagne Arlon puis poursuit jusqu’à Trèves.

Texte résumé par I. Tellier. Fiche 92.13. Photos : J. Mertens. Pour en savoir plus MERTENS J., 1968.
Le relais romain de Chameleux, Bruxelles, (Archaeologicum Belgii Speculum, I).

A voir aussi : les voies romaines traversant nos régions.

Ce site a été entretenu par l’ASBL S.A.S. jusqu’en 2020.

Le site en images

Accès et localisation

Possibilité de combiner avec la balade 41 au départ de la poste de Florenville (derrière le bâtiment).

Site facile d’accès.

Recommandations

 Si vous vous rendez sur place,

vous serez sur un site archéologique ou historique,

merci de respecter les lieux et de ne pas laisser de traces de votre passage.

FOUILLES INTERDITES

L’activité de détection qui implique la modification du sol ou le prélèvement d’objets doit faire l’objet d’une demande d’autorisation octroyée par l’Agence wallonne du Patrimoine (Code wallon du Patrimoine, art. 34, R.34-1 à R.34-7 et AM.34-7).