La redoute de la Bouche à Bonru

Temps modernes

La fortification de la Bouche à Bonru est située à la limite du village de Frahan. Le site est à quelques mètres de la frontière séparant les provinces de Namur et du Luxembourg. Pour y accéder, il faut emprunter le chemin de gauche sur la route de Frahan et, à partir du carrefour Les Croisettes (Poupehan-Corbion), suivre le ruisseau du Bonru à gauche jusqu’à son embouchure dans la Semois, passer la passerelle enjambant la petite rivière et remonter sur une vingtaine de mètres dans le bois.

La fortification est située en bordure de falaise, sur une terrasse aménagée dans la pente, à près de vingt mètres au-dessus de la Semois, face au camping de Laviot. Déjà citée par le docteur Théodule Delogne (folkloriste vressois, auteur de L’Ardenne méridionale belge) comme étant une fortification contemporaine du château de Montragut (Frahan), le site de la Bouche à Bonru s’avère être d’une époque plus récente. Il s’agit en fait d’une redoute ou fortin faisant partie du système de défense protégeant l’avancée de la France la plus septentrionale. Cette redoute n’est pas isolée, on en compte, d’après un document daté de 1706, plus ou moins 28 entre Florenville et Monthermé.

La fortification se présente comme étant un carré de 6,15 mètres de côté, la face sud est flanquée de deux tourelles d’angle aux diamètres respectifs de 2,75 mètres et de 3,40 mètres. L’accès à la redoute se faisait par ces tourelles. Les murs d’une épaisseur de 70 cm sont en pierres de schiste assemblées sans mortier. La roche à certains endroits est taillée et sert de paroi. Le sol à l’intérieur du bâtiment était recouvert de remblais provenant de l’arasement de la côte. Le manque de matériel de couverture (ardoise) ferait penser, comme l’écrit Monsieur André Matthys, à une couverture de chaume. On y a découvert des débris de vaisselle en usage à la fin du XVIIe siècle et des fragments de pipes en terre blanche.

Cette redoute contrôlait la liaison de Alle vers Corbion. Le nom de Bouche à Bonru désigne l’embouchure du ruisseau de Bonru qui se jette dans la Semois en contrebas de la redoute.

A quelque vingt mètres à l’ouest de la fortification, une plateforme naturelle située en bordure de la falaise pourrait suggérer la présence d’un poste de garde. Néanmoins aucun objet archéologique ne fut découvert à cet endroit. C’est sous le règne du Roi Soleil (Louis XIV) que la Semois, de Florenville à Laval Dieu en France, fut jalonnée de redoutes. Ce système défensif appelé « ligne Vauban » fut érigé afin de défendre la partie française la plus septentrionale contre toutes attaques intempestives. Louis XIV fit paraitre le 18 décembre 1706 un mandement qui devait être affiché dans les villages de la Semois. Ce document stipulait le nombre de personnes devant servir de gardes dans les fortins, leurs armements : fusils, poudres, plombs et épées.

Texte de Victor Ligot. Sites archéologiques de la Semois, S.I. Vresse-sur-Semois et S.A.S., 2019.

Ce site a été entretenu par l’ASBL S.A.S. jusqu’en 2020.

Fait partie de la ligne défensive des redoutes sur la Semois.

Le site en images

Accès et localisation

Fait partie de la balade 2 au départ de Alle en poursuivant la balade 1 de Bouillon « Vers Crêtes de Frahan ».
Fait aussi partie des balades BN1 au départ de Bouillon et
BN30 au départ de l’église de Frahan.

Site facile d’accès mais forte pente.


Recommandations

 Si vous vous rendez sur place,

vous serez sur un site archéologique ou historique,

merci de respecter les lieux et de ne pas laisser de traces de votre passage.

FOUILLES INTERDITES

L’activité de détection qui implique la modification du sol ou le prélèvement d’objets doit faire l’objet d’une demande d’autorisation octroyée par l’Agence wallonne du Patrimoine (Code wallon du Patrimoine, art. 34, R.34-1 à R.34-7 et AM.34-7).