La Forge Roussel à Lacuisine

Temps modernes

En 1604, Jean Antoine de Sainte-Cécile fonda – ce qui fut appelé plus tard, du nom de son troisième propriétaire – la Forge Roussel (monument et site classés, 01-12-1982), près du village de Martué, sur un confluent de la Semois, le Tamijean. Ce ruisseau ayant un débit régulier et suffisant, il put établir une platinerie, atelier où le fer façonné était transformé en pièces d’utilisation courante : bandages de roue, platines de fusil, plaques de four, crémones, objets de serrurerie.

En 1622, Jean de Roussel remplace la platinerie par des affineries, forges où l’on transforme la fonte en fer après l’avoir soumise au feu, ce qui en extrait les carbones et après l’avoir martelée au moyen d’un maka, marteau, pour en expulser les scories. Dès 1663, Jean de Roussel cède la forge à son fils Gérard, marié à Margueritte Tabollet, de la Forge de Mellier. Cette dernière vendit l’usine à Thomas Piret, seigneur et maître des forges du Châtelet, entre Habay-la-Neuve et le Pont d’Oye.

La famille Piret représente la grande époque de la forge qui compta jusqu’à 17 ouvriers en 1759. Jean-François de Wendel racheta l’ensemble et créa une fenderie, laminoir où, entre des cylindres à taillants, on fendait des tôles en vergettes, qui étaient ensuite forgées en clous, étirées en fils ou enroulées en spirales pour en faire des canons à fusils.

En 1778, la digue des étangs s’écroule, inondant une partie des installations. S’ajoutent à cela pillages et destructions par les gens du pays, poussés déjà par un vent révolutionnaire. En 1815, les Nonancourt créèrent une tréfilerie, fabrique de fil de fer, un laminoir, une fabrique de pointes de Paris et un atelier d’aiguisage de celles-ci. Les bâtiments étaient répartis en deux groupes : l’un au pied de la maison et de la digue de l’étang : une halle à charbon (1), un bocard et une affinerie avec trois roues à eau (2) ; l’autre en amont de l’étang : une affinerie, une platinerie, une scierie, une fenderie, une halle à bois, et différents ateliers ainsi que les cinq roues à eau.

En 1888, la digue des étangs des Epioux se rompt. Les eaux dévastèrent la vallée et achevèrent de ruiner les bâtiments de la forge restés debout. En 1921, l’ensemble fut acheté par Charles Graux. Il restaura la maison, les étangs et céda la propriété à l’époux de sa petite-fille, le baron Michel de Mévius.

La maison (3) est construite sur une terrasse rocheuse en surplomb au-dessus des forges, de l’étang et de la rivière. En schiste, elle présente un plan carré et s’élève sur deux niveaux. Son toit d’ardoises, à quatre pans, est percé de lucarnes et flanqué d’une cheminée à deux girouettes. Deux échauguettes cantonnent les angles sud-est et nord-ouest ; elles portent à leur base un visage souriant pour la première et grimaçant pour la seconde. La porte d’entrée, surmontée d’une fenêtre et d’une bretèche, s’ouvre vers l’est du côté des dépendances (4). Une aile étroite relie le corps de logis et ces dernières. Elle remplace le chemin d’accès communal traversant la propriété et qui a été racheté par Graux.

Deux tourelles (1815-1855), coiffées de bulbes polygonaux couverts d’ardoises en écaille, s’élèvent dans les angles de la cour. L’aile est s’étend le long du rocher. Elle présente deux parties : haute au nord et basse au sud.

L’accès et la visite de la propriété sont interdits au public ; cependant, le site est visible depuis l’autre rive et depuis la Semois où les descentes en kayak sont autorisées.

Texte résumé par I. Tellier. Fiche 93.10. Photos : G. Focant. Pour en savoir plus : DE MEVIUS S., 1981. La Forge Roussel. In : Maison d’Hier et d’Aujourd’hui, 49, p. 40-61.

Le site en images

Accès et localisation

Sur une propriété privée.