Le château médiéval d'Herbeumont

Moyen Âge

Le château d’Herbeumont (monument et site classés, 07-08-1989 et 24-10-1938) est érigé au sommet d’une crête rocheuse épargnée par la Semois qu’il domine de plus de 111 mètres. Le château est érigé par Jehan de Rochefort, fils de la maison de Walcourt, en l’an 1268. L’escarpement naturel de la montagne a longtemps rendu le château inaccessible de trois côtés. Ce quadrilatère irrégulier d’environ 60 m sur 40, de six tours, et doté au nord d’un solide donjon a été transformé à de nombreuses reprises.
L’extrémité de l’éperon fut aménagée en plateau artificiel grâce à des travaux importants de terrassement. Les matériaux de construction et de remblayage de la cour ont été fournis par le creusement des fossés à l’est et au nord.

Dès le début, le plan d’ensemble s’avère ambitieux ; il forme un trapèze irrégulier, avec aux angles, un donjon (1) et trois petites tours pleines (2). Les courtines protègent une vaste cour où sont établis des bâtiments d’habitation. La courtine de l’est, proche du village, est renforcée par trois tours (3). On accède au château après avoir traversé le châtelet d’entrée (4) et franchi le pont-levis (5) qui enjambe les fossés (6).

A la fin du XIVe ou au début du XVe siècle surviennent les premiers remaniements, notamment la réfection de la courtine sud (7) et le percement d’une poterne près de la tourelle sud-est. L’avènement de l’artillerie (XVIe s.) modifie la fortification : les pieds des remparts sont aménagés en plateformes pour le tir (8). Le donjon est abaissé et muni d’embrasures à canon, la courtine sud est épaissie et de nouvelles tours imposantes apparaissent : la « Tour des Bourgeois » (9) et la « Tour Mal-couverte » (10). On aménage également l’entrée en construisant un couloir d’accès (11), destiné à canaliser les arrivants. C’est à cette époque que l’on édifie un nouveau logis (12) plus luxueux et plus confortable. Une des deux salles est pavée de plaquettes de schiste posées de chant dans l’argile et dessinant un damier de bandes parallèles. Elle est chauffée par une cheminée monumentale. Ce bâtiment est construit sur une cave à deux accès.

Dans le courant du XVIe siècle, une seconde unité d’habitat (13) vient s’appuyer contre la première. Il en reste une cave creusée dans la roche et une pièce d’habitation pavée en schiste avec des motifs de triangle disposés tête-bêche. En 1581, le pont-levis est modernisé. En 1610-1611, la tourelle nord-ouest est englobée dans un ouvrage de défense (14).

Dans la première moitié du XVIIe siècle, une grande bâtisse de deux pièces, probablement des écuries, remplace une partie du logis du XVIe siècle (15). Les communs (16) se groupent en face de l’habitat : grange, cuisine, citerne, fours, fournil et un puits de 18,20 m de profondeur (17).

Jusqu’au VIIIe siècle, le village d’Herbeumont faisait partie de l’entité d’Orgeo. En 1200, les terres d’Orgeo passent, par mariage, dans le patrimoine des Walcourt-Rochefort. Leurs biens seront partagés deux générations plus tard. Le domaine d’Orgeo revient à Jehan et à ses frères qui, en 1268, affranchissent Herbeumont ; Jehan « se réservant la roche pour y construire sa maison ». Ainsi donc Herbeumont devient une seigneurie autonome et Jehan ne tardera pas à y ériger un château, siège de la nouvelle entité.

En 1420, Herbeumont est vendu et entre dans la patrimoine d’Evrard II de La Marck. A partir de cette date, le château ne sera plus habité par les propriétaires, mais confié à la gestion d’un administrateur : le prévôt. Les La Marck se succéderont jusqu’en 1544. Par la mort sans descendance de Louis III de La Marck, la seigneurie passe à Louis de Stolberg jusqu’en 1574. Le château est investi une première fois le 6 février 1558 par les troupes du duc de Nevers. La succession de Louis de Stolberg, mort lui aussi sans descendance, donna lieu à des conflits et procès dont Louis II de Löwenstein tira parti. Le château fut à plusieurs reprises dévasté lors de la Guerre de Trente Ans (1618-1648). Sa situation stratégique sur la Semois explique la prise et le démantèlement de la forteresse d’Herbeumont, le 21 août 1657, par les troupes du maréchal La Ferté, aux ordres de Louis XIV. Néanmoins, la prévôté d’Herbeumont reste en possession de la maison de Löwenstein jusqu’en 1796.

Le matériel archéologique
C’est de la dernière période d’occupation du château (XVIIe s.) que datent la majorité des objets découverts à Herbeumont. Une médaille, un chapelet et une statuette de Notre-Dame de Foy sont les quelques objets religieux abandonnés dans la tourmente de 1657. Les armes à feu sont nombreuses : arquebuses, bombarde et accessoires : balles, boulets, pince et moules à balle, poires à poudre, fourche à arquebuse… Les armes blanches rassemblent les épées, pommeaux, gardes, dagues, hallebarde, pertuisane, piques et carreaux d’arbalète.

La présence féminine au château est attestée par les perles, bagues, dés à coudre, peignes en os, épingles et aiguilles, ciseaux… Du côté de la cuisine : marmite, poêle, pots, cuillères, louche, robinet. Un des éléments de sculpture retrouvé est le linteau de la cheminée, il représente un personnage sculpté en relief et qui devait tenir un blason. Un petit dépôt de monnaies de rebut, frappées en 1649-1650, dans le château de Cugnon, par Ferdinand-Charles, comte de Löwenstein-Wertheim-Rochefort, fut retrouvé dans le puits.

Texte résumé par I. Tellier. Fiche 92.6. Photos A. Matthys et G. Focant. Pour en savoir plus : MATTHYS A. et HOSSEY G., 1978. Le château d’Herbeum.ont, Bruxelles, (Archaeologia Belgica, 209)

Le site en images

Accès et localisation

Possibilité de combiner avec la balade de 7 km en partance de l’office du tourisme.

Site facile d’accès.

Recommandations

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FOUILLES INTERDITES

L’activité de détection qui implique la modification du sol ou le prélèvement d’objets doit faire l’objet d’une demande d’autorisation octroyée par l’Agence wallonne du Patrimoine (Code wallon du Patrimoine, art. 34, R.34-1 à R.34-7 et AM.34-7).