Le château d'Orchimont

Moyen Âge

L’origine d’Orchimont, comme celle de la plupart de nos anciennes forteresses, est enveloppée de ténèbres et ne laisse à l’historien que le champ vaste des conjectures.

Au dire de certains chroniqueurs du XVe siècle, le fort d’Orchimont, rasé en 1436, comptait environ quinze cents ans depuis sa première fondation, là où une tribu guerrière d’origine germanique, les Cérésiens, devait avoir établi son refuge. La première construction précéderait donc l’arrivée des Romains dans notre région.

Comment justifier le choix de cet endroit ?

C’est le seul dans les environs qui soit si bien défendu par son relief. L’éperon rocheux, autrefois dénudé, domine presque à pic deux étroites vallées. Vers le plateau, au nord, l’accès étroit était barré par des bois épais. Il fut longtemps réputé imprenable : « Castrum dictum Orchimont olim famosissimum et inexpugnabile ».

Dans les années 950, c’est à cet endroit que le comte Godefroid, fils d’Arnould, comte de Chiny, édifia son château.

Peu à peu, des terres vont entrer sous la juridiction d’Orchimont qui aura alors des fiefs sous sa dépendance et deviendra une seigneurie importante et le chef-lieu d’une prévôté ou châtellenie considérable.

La famille du comte Godefroid, le premier prince qui nous est connu, régna  pendant quatre siècles sur cette terre. Les armoiries sont celles des descendants du comte et que Gérard d’Orchimont porta en Terre Sainte.

Il faut attendre Jacques Ier, soit la fin du XIIe siècle, pour trouver quelques précisions sur la châtellenie. Elle relevait du comté de Rethel et en arrière fief du comté de Luxembourg.

En 1331, n’ayant pas de descendance mâle, Jacques II, mort en 1346, dernier représentant de la famille de Godefroid, vend au duc de Luxembourg, Jean l’Aveugle, roi de Bohême, le patrimoine quatre fois séculaire de ses ancêtres.

Une fois passé sous le Luxembourg, Orchimont connaîtra la même histoire que celui-ci. Puis le château est vendu, racheté, revendu, démoli, reconstruit.

De par sa position géographique, le fief est placé entre l’archevêché de Reims, l‘évêché de Liège, le comté de Namur, le duché de Bouillon, celui de Luxembourg, la principauté de Liège et la France. Les guerres ont sévi de nombreuses fois entre ces entités au point de causer des affaiblissements successifs et irréparables pour Orchimont.      

C’est ainsi qu’au cours de la lutte entre les Bourguignons de Philippe le Bon et les partisans du roi de France Charles VII, le château devint un repaire de bandits redoutables, les « Ecorcheurs » qui terrorisaient les campagnes depuis la Thiérache jusqu’au pays de Liège. 

Excédé par leurs déprédations, Evrard III de La Marck, vassal et allié de l’évêque de Liège, assiège la place en 1436 et démolit « ledit vilhe et fortereche d’Orchymont de fon en combe« .

En 1554, Henri II envahit la Belgique avec une armée imposante. Le duc de Nevers attaque Orchimont qui n’était défendu que par une garnison de 54 hommes. Les 18 prisonniers furent passés au fil de l’épée.

A la fin de l’année 1561, Philippe II prend possession de la seigneurie et y place un capitaine-prévôt receveur.

Mais en 1573, le roi d’Espagne a besoin d’argent et engage la seigneurie qui arrive aux mains de Charles de Croÿ, prince de Chimay. En 1609, les archiducs Albert et Isabelle entreprennent la restauration de la seigneurie délaissée. Désormais, on ne parlera plus de seigneurie, mais de prévôté, et cela jusqu’en 1779.

Après les Archiducs, une ère de calamités va s’ouvrir pour Orchimont qui, peu à peu, perd de son importance.

« L’an 1635 le neufième ou dixsime du mois de may, l’armée françoise, qui estoit d’environ trente-cinq milles hommes, sous la conduite des généraux Chastillon et Brésé, entra dans le duché de Luxembourg, et l’onsime dudit du mois de may une partie de cette armée print le château d’Orchimont et le bruslat. »

Le célèbre castel ne devait plus se relever.

Les guerres de Louis XIV rendront la vie impossible dans cette région. Le « roi Soleil » s’en empare en 1681. Éclate ensuite la Révolution française. 

Au siècle dernier, sur l’emplacement de l’ancien château se dressaient les bâtiments du greffier et le dépôt des archives. Ils ont été démolis et leurs débris ont été employés pour construire ce qui fut le presbytère. Une route occupe à présent une partie des fortifications; sur l’autre s’élève un châtelet habité par les descendants du baron Ryelandt.

De nos jours, il ne subsiste plus qu’une partie de mur et une tour d’angle – reconstituée -, vieux nid d’aigle abandonné…

Plus rien, hélas ! ne rappelle la gloire passée !

Luc MONIN, d’après : ORCHIMONT ET SES FIEFS, Abbé C.-G. ROLAND, Ed. Culture et Civilisation, Bruxelles  1980 et LE PASSE D’ORCHIMONT, Dr Auguste NIJEN, Ed. Léon de THIER, Liège 1877.

Ce Panorama (copie de DELCAMPE) donne une idée du relief.

Album Charles de Croÿ (1598). Cette aquarelle représente le château d’Orchimont qui a servi de modèle pour la pierre du monument aux morts située en façade de l’escalier du complexe communal d’Orchimont

La tour reconstituée

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