L'oppidum du « Trinchî » à Cugnon

Antiquité

Le village de Cugnon est dominé à l’ouest par un promontoire, « Le Fayet », que ceinture la rivière étalée en un méandre vers le nord. La partie la plus abrupte de cet éperon abrite la fortification du Trinchî sur une superficie de 6,25 ha. Au sud, un chemin mène vers le plateau qui culmine à plus de 320 m et qui s’étire vers le nord, sur 1.650 m, en pente douce vers un gué sur la Semois. A l’ouest et à l’est, les pentes raides protègent naturellement la hauteur. Néanmoins, de grands travaux furent nécessaires pour fortifier convenablement la place. Si, au sud, une dépression naturelle large de 100 m, appelée le « Trinchî » ou fossé, barre l’accès, la crête qui lui est parallèle fut coiffée d’une importante levée de terre, de même que des murs de barrage furent construits à l’ouest et au nord.

Le rempart sud, long de 108 m, a été construit par trois fois. Dans un premier temps, un mur de dalles de schiste assemblées à l’argile, sert de soutènement à la levée de terre constituée de remblais accumulés contre le mur en une sorte de rampe. Dans un second aménagement, un nouveau mur, établi en avant de la muraille primitive, la consolide. Dans un troisième temps, après la démolition de cet ensemble, le nouveau rempart est construit en avant. S’il se compose toujours d’un mur et d’un talutage de terre, l’ensemble est cette fois consolidé par des pieux de bois verticaux, disposés à intervalles réguliers et reliés à des poutres horizontales qui s’enfoncent dans l’épaisseur de la levée de terre en une sorte de chaînage stabilisant l’ensemble.

L’entrée située au sud-ouest (1), large de 6,50 m, est formée d’un retour de quatre pieux plus importants dans l’épaisseur du rempart. Peut-être soutenaient-ils un chemin de ronde et un réduit contrôlant les accès à la porte, point faible de la fortification? Après les fouilles, cette partie de rempart a été restaurée. Au nord, à « La Laide Place », l’étranglement du méandre de la Semois a été mis à profit pour barrer la fortification de ce côté sur une longueur de 66 m. Une levée de terre, large de 3,30 m à 3,50 m, est contenue entre deux murs de pierres sèches (2). Un chemin traverse aujourd’hui l’ensemble de la fortification. Il doit se confondre au nord avec l’accès antique.

A l’ouest, un mur est élevé à la limite du plateau, à l’endroit où s’amorce la pente. Il soutient les terres pour former une terrasse de circulation. Il est édifié en plaquettes de schiste et blocs de quartzite.

Il n’est pas aisé de dater la forteresse, néanmoins, quelques tessons de poterie et surtout le caractère du troisième rempart permettent de la situer dans le temps. Ce rempart est une version améliorée de ceux qui sont élevés aux refuges de Kelheim (All.) et de Manching (All.) datés tous les deux de l’époque gauloise appelée La Tène finale (120-58 avant notre ère).

Texte rédigé par I. Tellier. Fiche 93.13. Photos : A. Matthys. Pour en savoir plus : MATTHYS A. et HOSSEY G., 1979. L’oppidum du Trinchî à Cugnon, Bruxelles, (Archaeologia Belgica, 215).

Ce site a été entretenu par l’ASBL S.A.S. jusqu’en 2020.

Le site en images

Accès et localisation

Site sur terrain privé.

Site facile d’accès.

Recommandations

 Si vous vous rendez sur place,

vous serez sur un site archéologique ou historique,

merci de respecter les lieux et de ne pas laisser de traces de votre passage.

FOUILLES INTERDITES

L’activité de détection qui implique la modification du sol ou le prélèvement d’objets doit faire l’objet d’une demande d’autorisation octroyée par l’Agence wallonne du Patrimoine (Code wallon du Patrimoine, art. 34, R.34-1 à R.34-7 et AM.34-7).